Publié le 29 octobre 2022 par Nicolas.

Inutile de vous vanter les mérites du paillage organique ! En revanche, force est constater qu’il existe de nombreuses solutions de paillage, proposées par les jardineries (écorces de pin ou de bois, paillettes de chanvre, de miscanthus, ou de lin, cosses de sarrasin ou de fèves de cacao…) ou faites maison avec les tontes de gazon, des feuilles mortes ou de la paille. Parmi ces paillis, le BRF. Qu’est ce qui se cache derrière ces trois lettres ?

C’est quoi exactement le BRF?

BRF = Bois raméal fragmenté. Il s’agit d’un broyat de jeunes rameaux ligneux d’arbres feuillus comme le chêne, le frêne, l’acacia…Il est utilisé comme paillage ou mulch au pied des végétaux.

Paillis à partir de branches de bois vert broyées et déchiquetées.Ces rameaux de l’année ou vieux de 2 ou 3 ans sont en général riches en sucres, en protéines, en cellulose et en lignine, qui sont primordiaux pour la fertilité du sol.

En paillant le sol des massifs, bordures ou haies, on reconstitue en quelque sorte le sol d’un forêt riche en humus.

Cette technique du BRF, mise au point par des forestiers québécois dans les années 1970, s’est développée dans les années 1990, sous l’impulsion de la permaculture. Aujourd’hui, Le BRF est largement adopté dans les jardins des particuliers.

Le BRF ne doit pas être confondu avec les copeaux et écorces de bois qui sont sèches.

Comment agit le bois raméal fragmenté?

champignons paillageLorsqu’on met du compost dans son jardin ou son potager, ce sont les bactéries qui se mettent au travail pour le décomposer. Pour le BRF, c’est différent.

En fait, ce sont des champignons qui interviennent pour dévorer la lignine et la restituer, sous forme digestible, à la faune qui grouille sous ce paillis.

Parmi ces petites bêtes, on trouve des insectes divers, des araignées, des cloportes, des iules, des acariens fongicides, de collemboles, des vers de terre…

Toute cette microfaune mange et défèque, constituant ainsi un engrais efficace. Une chaîne alimentaire se met alors en place.


Avantages et (petits) inconvénients du BRF

En tant que paillage organique, le BRF est un atout indéniable pour fertiliser les sols et favoriser la biodiversité puisque de nombreux insectes, mais aussi oiseaux et mammifères y trouvent le gîte et le couvert.

Pour autant, le BRF recèle d’autres avantages :

  • Le développement des mycorhizes qui désignent des associations symbiotiques entre les racines des végétaux et certains champignons du sol, les mycorhiziens. Dans un échange de bons procédés, les racines fournissent du sucre aux champignons qui, à leur tour, aident les racines à absorber l’eau ou des nutriments.
  • L’enrichissement du sol en humus, qui devient plus facile à travailler, moins lourd et moins tassé
  • Le stockage des nutriments comme l’azote, le phosphore et le potassium qui ne partent pas par le lessivage des pluies
  • La stabilisation du pH du sol avec du BRF qui ne contient pas de résineux
  • L’absorption et la restitution de l’humidité qui permet d’espacer les arrosages
  • La gestion des déchets verts puisque le BRF est fabriqué avec des déchets de taille d’arbustes ou d’arbres.

Sans oublier l’aspect esthétique ! Pour autant, le BRF présente quelques inconvénients minimes :

  • Il n’est pas très approprié pour les sols lourds et argileux, trop gorgés d’eau
  • Il peut provoquer une faim d’azote chez certains végétaux qui vont jaunir. Mais, cette faim d’azote n’est guère préjudiciable pour les vivaces. Et il suffit parfois de faire une pulvérisation de purin d’ortie
  • Le BRF plaît à certains ravageurs comme les escargots ou les mulots
  • Le BRF rend plus difficile les semis spontanés de certaines fleurs vivaces.

comment utiliser le BRF ?

Où et comment utiliser le BRF ?

À la différence de la paille, le BRF est beaucoup plus long à se décomposer. Il faut compter de 3 à 6 mois, voire plus suivant la taille des déchets ligneux et les conditions climatiques, pour que le BRF soit assimilé par la microfaune.

C’est pourquoi il est préférable de l’installer en automne ou en hiver, afin qu’il soit décomposé au printemps. Pour autant, il est inutile d’utiliser du BRF systématiquement à chaque saison. Les apports peuvent se faire tous les 3 ou 4 ans pour des végétaux spécifiques:

  • Les petits arbustes fruitiers comme les framboisiers, les myrtilliers, les groseilliers, les fraisiers…
  • Les arbres fruitiers du verger
  • Les massifs d’arbustes ou de plantes vivaces
  • Les haies et les bordures
  • Les légumes vivaces matures comme les asperges ou les artichauts
  • La surface de la terre des pots et jardinières

Veillez à toujours laisser un espace vide de 5 à 10 cm vides autour des troncs et collets des plantes.

Vous pouvez aussi généreusement poser du BRF sur tous les terrains pauvres, les terres de remblai ou de terrassement, les terres tassées, les terres épuisées par une culture intensive…

En revanche, dans le potager, le BRF est à utiliser avec précaution. Dans une terre travaillée et enrichie régulièrement par du compost ou du fumier, c’est inutile. Dans une terre très pauvre, un apport peut être fait une fois par an en milieu d’automne. Et pas forcément toutes les années !

Et si on faisait notre propre BRF ?

Trouver du BRF frais n’est pas forcément chose aisée ! Surtout qu’à raison de 3 cm d’épaisseur, pour un jardin de 100 m², il vous en faudra 100 x 0,03 = 3 m³.

Branchage pour faire du BRFVous pouvez toujours essayer de vous rapprocher des entreprises d’élagage, les paysagistes, le service des espaces verts de votre commune…qui pourraient éventuellement vous vendre leur surplus.

Sinon, la solution réside dans le broyage des déchets de taille de vos arbres et arbustes.

Mais là encore, il y a deux conditions : investir dans un broyeur thermique, électrique ou sur batterie et avoir suffisamment d’arbres ou d’arbustes au feuillage caduc à tailler.

Si tel est le cas :

  • Taillez vos arbres et arbustes entre novembre et mars, pendant la période de dormance
  • Privilégiez les rameaux des arbres comme le chêne, le frêne, le hêtre, le charme, le noisetier, l’érable…auxquels s’ajoutent des rameaux d’arbres ou d’arbustes au feuillage persistant et, éventuellement, des tailles de résineux à raison de 20 % maximum
  • Délaissez les résidus de taille des lauriers-roses, des eucalyptus, des cannes de bambous, les thuyas, les cyprès, le noyer (qui contient de la juglone, un inhibiteur de croissance…
  • Broyez les rameaux de moins de 5 à 7 cm de diamètre, suffisamment flexibles car ils contiennent plus de lignine
  • Ne tardez pas entre la taille et le broyage et le broyage et la pose du BRF sinon les rameaux se dégradent vite.
Suivez-nous sur Google News