Publié le 2 juillet 2023 par Nicolas.

Aujourd’hui, se voiler la face est inutile : le changement climatique est en marche, et d’année en année, le réchauffement climatique se fait plus prégnant.

Des records de température sont battus partout en France et la sécheresse s’installe durablement. Nos organismes souffrent, le potager aussi. Pour limiter l’effet de la canicule au potager, quelques bons gestes peuvent être adoptés.

Quels sont les effets de la canicule au potager?

Une chaleur excessive avec des températures qui montent jusqu’à 40 °C pendant plusieurs jours a des conséquences désastreuses au potager.

Le feuillage flétrit et brûle parfois sous l’effet des rayons du soleil.

Et plus les feuilles sont larges, plus le phénomène est visible, tout simplement car les plantes « transpirent” plus par leurs stomates (l’équivalent de nos pores !).

Ainsi, les feuilles de courges souffrent beaucoup de la chaleur. De plus, la chaleur caniculaire accentue l’évaporation de l’eau du sol.

La canicule a aussi des conséquences sur la fructification. Elle est en quelque sorte inhibée et les fruits et légumes se développent peu ou mal. Les récoltes sont dès lors plus faibles car les plantes ont tendance à végéter.

Blettes avec le soleil direct
Blettes avec le soleil direct © Photo Flick’r david silver

La canicule provoque également une forme de stress chez certaines plantes potagères.

Face à la chaleur et à la sécheresse, elles mettent tout en branle pour assurer leur survie : certains végétaux comme les salades, les épinards, les betteraves montent en graines, les radis ou les navets piquent ou deviennent amers, ou encore se creusent.

Quant aux graines en germination ou jeunes plants repiqués, ils sont très sensibles à la chaleur et stoppent leur croissance.

En bref, le potager souffre et, sans intervention du jardinier, la production en sera largement impactée.

10 solutions pour protéger son potager de la canicule

Pour pallier les désagréments liés à la canicule (qui risque de devenir un phénomène récurrent dans les années futures), il est important de déployer des astuces au potager pour protéger les plantes potagères.

Ces solutions passent essentiellement par des protections contre le rayonnement du soleil, des arrosages optimisés, quelques gestes de bon sens et des précautions à adopter dès le printemps.


1. Organiser son potager en tenant compte de la canicule

Lutter contre la canicule au potager s’anticipe dès les premières plantations au printemps. Il est primordial d’organiser votre potager en fonction des zones de plein soleil, d’ombre ou de mi-ombre.

Ainsi, les légumes qui craignent les rayons UV trop ardents (salades, radis, betteraves, épinards…) seront plantés à mi-ombre, au moins pendant les heures les plus chaudes de la journée.

En revanche, les légumes adeptes de soleil comme les courgettes ou les tomates profiteront du plein soleil.

De même, n’hésitez pas à stopper certains semis sensibles au chaud dès le mois de juin. Ainsi, les graines de laitues, de radis, de navets… germent mal ou pas du tout en cas de forte chaleur.


2. Pailler pour conserver l’humidité du sol

Un paillage épais permet de limiter les difficultés des plantes potagères face à la sécheresse. Et plus le paillis est épais, mieux c’est.

Le paillage épais pour limiter l'évaporation du sol.
Le paillage épais pour limiter l’évaporation du sol.

Vous pouvez ainsi créer un paillis de 10 à 20 cm. En effet, en évitant au sol d’être nu et de recevoir les rayons du soleil, un paillage va limiter l’évaporation et diminue par là même les besoins en arrosage.

De même, il évite la surchauffe du sol qui provoque l’inactivité des micro-organismes du sol.

Pour autant, il est préférable de privilégier un paillis végétal comme la paille, les tontes de gazon préalablement séchées, les branchages broyés issus de la taille des arbustes… ou alors les paillis du commerce à base de paillettes de lin ou de chanvre.

N’hésitez pas à le renouveler régulièrement si nécessaire.


3. Biner pour casser la croûte de terre

Cette solution de lutte contre la canicule n’est valable que si le sol du potager n’est pas couvert de paillage. Même si vous pouvez biner avant de pailler.

En effet, les grosses chaleurs sèchent le sol et, très vite, une croûte superficielle se forme, qui empêche l’eau et l’air de pénétrer./p>

L’eau d’arrosage coule et se perd.

En binant, vous aérez la terre et permettez à l’eau d’atteindre le système racinaire.


4. Utiliser les billes d’argile pour conserver l’humidité

Les billes d’argile sont essentiellement utilisées dans les pots, les jardinières ou les bacs pour assurer le bon drainage des plantes annuelles ou vivaces qui y sont plantées. Pourtant, elles peuvent aussi avoir leur utilité au potager en cas de fortes chaleurs.

Parfaitement respectueuses de l’environnement de par leur fabrication en argile brute malaxé et cuite, ces billes sont très légères, imputrescibles et surtout très intéressantes en termes de rétention d’eau.

C’est pourquoi il est possible de les placer autour des pieds des tomates, des concombres, aubergines et autres courgettes et courges pour conserver un certain degré d’humidité.

Poreuses, elles absorbent l’eau puis la restituent en séchant.


5. Désherber régulièrement…ou pas

En matière de désherbage, les avis et les pratiques divergent beaucoup. Certains enlèvent à force d’efforts ces fameuses mauvaises herbes, d’autres préfèrent conserver ces adventices.

Mauvaises herbes et marguerites au jardin potager
Mauvaises herbes et marguerites au jardin potager Photo Flick’r © Frédéric BISSON

Les deux attitudes se valent : les mauvaises herbes ont en effet tendance à concurrencer les plantes potagères et à puiser dans le sol les oligo-éléments et minéraux dont elles ont besoin avant les légumes.

Dans le même temps, les mauvaises herbes forment une sorte de tapis protecteur qui limite l’évaporation de l’eau.

L’idéal ne serait-il pas de trouver un juste milieu en ne laissant que les adventices « utiles” et à supprimer ceux que l’on considère vraiment comme indésirables.

Vous pouvez ainsi arracher les liserons, très envahissants et étouffants pour les plantes, le chiendent, l’oxalis, renoncule rampante (bouton d’or), la ficaire fausse renoncule ou la prêle des champs.

En revanche, gardez quelques pieds d’ortie, de plantain, le mouron des oiseaux, le chenopode blanc, le trèfle.


6. Arroser au meilleur moment de la journée

Évidemment, inutile de préciser qu’on n’arrose jamais aux plus chaudes heures de la journée au risque de brûler le feuillage.

Arroser le potager le matin durant une canicule
Arroser le potager le matin durant une canicule.

Pendant les périodes de canicule, mieux vaut arroser le matin de (très) bonne heure. Pourquoi ? Tout simplement parce que la fraîcheur de la nuit a permis au sol de se refroidir.

Si vous arrosez le sol le soir, le sol est encore très chaud. Et l’eau va très vite s’évaporer.

Donc, sitôt votre petit-déjeuner avalé, profitez de la fraîcheur pour aller abreuver votre potager. Vous ferez d’une pierre deux coups en profitant vous aussi de cette fraîcheur bienfaitrice.

Suivez aussi tous nos conseils d’arrosage du potager


7. Adopter le goutte-à-goutte pour arroser

Via un système de tuyaux et de goutteurs, l’arrosage goutte-à-goutte permet de conduire l’eau au pied des plantes. Ainsi, les plantes bénéficient continuellement et lentement d’un arrosage au fur et à mesure de leur croissance.

L’eau s’infiltre directement, ce qui limite l’évaporation.

Ce système, relativement économique et programmable, évite aussi de mouiller le feuillage, ce qui peut être source de maladies cryptogamiques. Et il permet de s’absenter !

Arroser avec un goutte-à-goutte
Arroser avec un goutte-à-goutte.

À la différence du tuyau microporeux, le goutte-à-goutte cible vraiment le pied de la plante et évite donc la pousse des mauvaises herbes. D’autant qu’il est compatible avec le paillage.

C’est pourquoi il est idéal pour les tomates, les courgettes, les aubergines… alors que le tuyau microporeux est plus pratique pour les légumes cultivés en rang comme les haricots.

Pour autant, ce système doit être entretenu avec soin pour éviter aux gicleurs de se boucher. À moins d’avoir un système de filtration, parfois difficile à mettre en œuvre.

De plus, ce système s’avère onéreux et l’installation longue. L’installation subit toutes les intempéries et doit être changée après quelques années d’utilisation.

Ce système est également difficilement compatible avec la rotation des cultures. Enfin, il a tendance à mettre les légumes sous perfusion ce qui ne leur permet pas de développer leur système racinaire profondément.

Consultez mon article sur l’arrosage au goutte-à-goutte !


8. Tester l’arrosage avec des oyas ou ollas

Ce système d’irrigation, déjà pratiqué pendant l’Antiquité, consiste à enterrer des contenants poreux, en argile ou en céramique, qui laissent passer l’eau par capillarité.

Consultez notre article au sujet des oyas ou ollas

C’est un arrosage en profondeur, au plus près des plantes et adapté à leurs besoins, qui évite les chocs thermiques puisque l’eau est à température ambiante.

Arrosage avec des oyas ou ollas
Arrosage avec des oyas ou ollas © Photo Poterie Lutton

Il permet de partir en vacances et de faire des économies d’eau. Et forcément de temps !

Associés ou pas au paillage, les ollas limitent l’évaporation d’eau.

Pour autant, aussi efficace soit-il, ce système d’irrigation réduit l’espace consacré aux cultures et doit être réfléchi en amont. En effet, les ollas se posent avant les plantations qui se font donc en fonction des ollas.

Enfin, dans un grand jardin, l’installation de ces poteries peut paraître chère. Même s’il est possible de fabriquer ses propres oyas avec des pots en terre cuite.


9. Faire de l’ombre au potager

Si l’ombre peut être un inconvénient au potager pour certains légumes, en pleine canicule, c’est une providence.

En effet, l’ombre permet de diminuer la température et l’évaporation.

Malheureusement, votre potager est inondé de soleil. Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour ombrager vos parcelles :

  • Planter des plantes ou des fleurs qui se développent en hauteur comme le maïs, les tournesols (qui feront le bonheur de vos poules), les topinambours, les cosmos…Ils protégeront naturellement les semis et les jeunes plants repiqués. À condition de les arroser !
  • Installer des ombrières ou voiles d’ombrage qui se trouvent facilement en commerce. Vous pouvez aussi en fabriquer avec de la toile de jute posée sur du grillage à poules, ou encore des canisses légères, des filets de camouflage. Il est également possible de poser un haut paravent en bois pour ombrager certaine sparcelles
  • Retourner des cagettes sur certains légumes sensibles à la chaleur

10. Choisir des variétés plus résistantes

Certaines variétés de plantes potagères, souvent issues d’hybridation (F1) sont reconnues comme plus résistantes à la chaleur de par leur feuillage moins important ou un système racinaire plus développé.

C’est entre autres le cas des tomates. Mais le choix vous appartient…

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