Publié le 29 juillet 2025 par Nicolas Lestienne
La rose trémière, de nom botanique Alcea rosea, est une plante ornementale de la famille des Malvacées. Il s’agit d’une plante herbacée généralement bisannuelle, parfois vivace de courte durée. La première année, elle développe une rosette de feuilles, puis la seconde, elle émet une tige florale pouvant atteindre entre 1,5 et 3 mètres.
Sa floraison estivale s’étale de juin à septembre, sous forme de grandes fleurs disposées le long des tiges dressées. Ces fleurs existent en versions simples ou doubles, et dans une large gamme de couleurs allant du blanc au rouge foncé. Certaines variétés offrent des tons presque noirs.
Histoire et origine
Originaire d’Asie, la rose trémière a été introduite en Europe au cours du Moyen Âge. Son nom actuel serait dérivé de l’expression « rose d’outremer ». Elle a connu un grand succès dans les jardins de curé et les campagnes, notamment en raison de sa croissance rapide et de son pouvoir décoratif.
En plus de son attrait esthétique, elle a été utilisée comme plante médicinale et comme source de pigments naturels pour la teinture des tissus.
Elle s’est naturalisée dans de nombreuses régions, en particulier dans les climats doux et ensoleillés.
Conditions de culture
La rose trémière apprécie les expositions ensoleillées et les sols bien drainés, même pauvres. Elle supporte la sécheresse une fois établie et se développe correctement dans les terres légères à tendance calcaire. Un sol compact ou détrempé nuit à son enracinement. Elle est rustique jusqu’à environ –15 °C.
Pour éviter que ses longues hampes florales ne plient sous l’effet du vent, il est conseillé de la planter à l’abri, contre un mur ou une clôture. Un espacement d’au moins 50 cm entre les pieds permet de favoriser une bonne aération.
Semis et plantation
La multiplication de la rose trémière se fait principalement par semis. Trois périodes sont adaptées :
- Au printemps, entre mars et mai, en pleine terre ou sous abri.
- En été, de juillet à septembre, pour une floraison l’année suivante.
- En fin d’hiver, sous abri, pour une mise en place au printemps.
La graine est grosse, ce qui facilite le semis. Elle se sème à 1 cm de profondeur environ. En raison de la présence d’une racine pivotante, le repiquage peut être délicat. Il est donc préférable de semer en place ou en godets profonds. Un arrosage régulier est nécessaire jusqu’à la levée, qui intervient en deux à trois semaines.
Pour obtenir une floraison dense, il est recommandé de ne garder qu’un plant par emplacement après éclaircissage.
Récolte et conservation des graines
À la fin de l’été, la rose trémière produit des capsules arrondies contenant des graines en couronne. Lorsque celles-ci sont sèches et commencent à s’ouvrir, on peut les récolter. Les graines doivent ensuite sécher à l’air libre pendant quelques jours, avant d’être stockées dans un contenant hermétique, à l’abri de la lumière et de l’humidité.
Elles conservent leur pouvoir germinatif durant 3 à 4 ans. La plante se ressème aussi spontanément si les capsules ne sont pas enlevées.
Usages comestibles et médicinaux
La rose trémière est comestible dans toutes ses parties. Les jeunes feuilles peuvent être utilisées crues en salade ou cuites à la manière des légumes feuilles. Les pétales sont consommés frais ou séchés, et peuvent entrer dans la composition de tisanes douces. Leur saveur est neutre et leur effet adoucissant. La racine, riche en mucilages, était traditionnellement râpée pour préparer des décoctions apaisantes.
L’ensemble de la plante possède des propriétés adoucissantes et légèrement expectorantes. Elle est parfois utilisée dans les remèdes traditionnels contre les irritations de la gorge ou des voies digestives.
Partie de la plante | Utilisation | Remarque |
---|---|---|
Feuilles | Salades, cuisson | Texture douce, mucilagineuse |
Fleurs | Infusions, décoration | Peu de goût, colorant possible |
Racine | Décoction | Usage ancien, adoucissant |
Entretien et taille
Le principal entretien consiste à supprimer les hampes florales fanées. Cela évite l’épuisement du pied et permet de prolonger la floraison. Si l’on souhaite récolter les graines, il convient de laisser certaines hampes jusqu’au séchage complet. En fin d’automne, toutes les tiges doivent être coupées à la base.
Dans les régions froides, on peut protéger le pied avec un paillage sec.
La plante peut produire de nouvelles rosettes l’année suivante si elle n’est pas totalement bisannuelle. Un tuteur est parfois nécessaire en cas de vent fort. L’arrosage est inutile pour les plants établis, sauf en période de sécheresse prolongée.
Maladies et parasites fréquents
La rouille est la maladie la plus courante de la rose trémière. Elle provoque des taches orange sur le revers des feuilles, qui finissent par se dessécher. La prévention repose sur l’élimination rapide des feuilles atteintes et un bon espacement des plants pour favoriser l’aération.
En cas de forte attaque, un traitement fongique peut être envisagé. D’autres affections, comme l’oïdium, peuvent apparaître mais restent moins fréquentes.
Parmi les parasites, les pucerons peuvent infester les jeunes pousses. On peut les éliminer avec un jet d’eau ou du savon noir. Le charançon spécifique à la rose trémière pond dans les capsules, ce qui altère la qualité des graines mais n’affecte pas la floraison. Enfin, les limaces s’attaquent aux jeunes plantules, surtout par temps humide.
Récapitulatif
- Nom scientifique : Alcea rosea
- Famille : Malvacées
- Cycle : Bisannuelle (parfois vivace courte)
- Floraison : Juin à septembre
- Exposition : Plein soleil, abrité du vent
- Sol : Léger, drainé, peu exigeant
- Rusticité : Bonne (–15 °C environ)
- Semis : Mars à mai ou juillet à septembre
- Espacement : 30 à 50 cm entre les pieds
- Entretien : Suppression des tiges fanées, tuteurage
- Maladies fréquentes : Rouille, oïdium, pucerons, charançons
- Comestible : Oui (feuilles, fleurs, racines)
La rose trémière sur l’Île de Ré
Sur l’Île de Ré, la rose trémière est omniprésente dans le paysage urbain et végétal. Elle pousse spontanément au pied des murs blanchis à la chaux, le long des ruelles pavées et entre les interstices des trottoirs. En savoir plus : La rose trémière de l’Île de Ré.
Cette floraison estivale, qui s’étale de juin à septembre, coïncide avec la haute saison touristique, ce qui en fait un élément marquant de l’identité visuelle des villages rétais.
Grâce au climat doux, ensoleillé et venteux de la côte atlantique, la plante s’implante facilement, même sans arrosage. Les sols sableux de l’île, peu argileux et bien drainés, conviennent à son enracinement.
Les habitants l’apprécient pour sa capacité à se ressemer naturellement et à fleurir abondamment sans entretien particulier. Cette fleur, à la fois simple et haute, est devenue au fil du temps un repère familier des entrées de maisons, des placettes et des venelles.
Elle participe à l’esthétique non formelle mais soignée du bâti ancien, sans figer les aménagements dans une logique décorative stricte. La rose trémière n’est pas une plante patrimoniale au sens administratif, mais elle est perçue comme telle par les habitants, tant son image reste associée aux villages de Ré, d’Ars-en-Ré à Sainte-Marie en passant par Loix ou La Flotte.