Au potager, un toucher « collant » sur le feuillage de tomate intrigue souvent. Dans bien des cas, il s’agit d’un mécanisme normal de protection. Dans d’autres, c’est le signe d’une présence de ravageurs. Voici comment faire la différence et agir sans produits agressifs.


La sève résineuse, un phénomène protecteur

Les feuilles de tomate portent des trichomes (poils) qui sécrètent un exsudat parfumé et légèrement adhérent. Cette résine naturelle gêne les insectes herbivores et explique l’odeur caractéristique quand on froisse le feuillage. Seul, ce phénomène n’est pas inquiétant : il traduit souvent une plante bien nourrie et correctement arrosée. Pour optimiser la conduite de culture (sol, arrosage, exposition), consultez les repères « repiquer les tomates » et « tomates sous serre ».

Pieds de tomates sains.
Pieds de tomates sains.

Quand s’inquiéter ? Les signes qui orientent vers un ravageur

Si la sensation collante s’accompagne de feuilles poisseuses, de déformations, de points noirs (suie) ou de fourmis très présentes, on suspecte du miellat laissé par des insectes piqueurs-suceurs :

  • pucerons (frisures, colonies sous les feuilles, fourmis attirées) ;
  • aleurodes ou mouches blanches (envol au moindre contact, feuilles luisantes) ;
  • cochenilles (amas cotonneux ou coques brunes le long des nervures).

Le miellat favorise la fumagine (dépôt noir fuligineux) et peut ouvrir la porte à d’autres maladies de la tomate. Une intervention douce et précoce limite ces effets.


Différencier sève résineuse et miellat : le tableau repère

Matière observée Odeur Localisation Aspect / suite
Sève résineuse (trichomes) Fortement « tomate » Jeunes tiges et faces supérieures Collant résineux, sans suie ni fourmis
Miellat (pucerons, aleurodes, cochenilles) Inodore Surtout face inférieure et feuilles basses Surface brillante, fourmis, fumagine noire possible

Inspection minute : où et quoi regarder

  • Soulever les feuilles : présence de colonies (points verts/noirs), d’ailes blanches, d’amas cotonneux ?
  • Observer les pétioles et nervures : coques brunes, miellat, suie ?
  • Noter la réaction au toucher : envol d’aleurodes, fourmis qui patrouillent (indice de pucerons).

Agir en douceur : protocole simple et efficace

  1. Jet d’eau ciblé sous les feuilles pour décrocher les colonies (renouveler 2–3 jours de suite).
  2. Traitement au savon noir : préparer la solution selon « savon noir au potager », pulvériser le matin sur les faces inférieures, répéter après 3–4 jours si besoin.
  3. Renforts naturels : favoriser les auxiliaires (coccinelles, syrphes) via fleurs compagnes et plantes répulsives utiles.
  4. Hygiène du feuillage : retirer les feuilles très atteintes (fumagine), aérer la plante et l’environnement.
  5. Suivi : surveiller 10–15 jours. En cas de pression persistante, alterner avec d’autres solutions douces (préparations végétales) et revoir l’arrosage et la nutrition.

Prévenir les récidives : culture et microclimat

  • Aération : effeuillage modéré (sans excès) pour améliorer la circulation d’air.
  • Arrosage régulier au pied, sans mouiller le feuillage, paillage léger pour stabiliser l’humidité.
  • Équilibre de la fertilisation : éviter les excès d’azote qui attirent les suceurs ; repères de base dans « maladies de la tomate ».
  • Surveillance en période à risque (chaleur + humidité) et sous abri : voir « culture sous serre ».

En bref

Des feuilles de tomate collantes sont souvent normales (résine des trichomes). Si le collant s’accompagne de brillance sucrée, de fourmis et de suie noire, suspectez le miellat de ravageurs : contrôlez vite avec de l’eau et du savon noir, favorisez les auxiliaires et ajustez l’aération. Ce trio observation + action douce + prévention culturelle suffit dans la majorité des cas.

Suivez-nous sur Google News