Je suis récemment tombé sur un article d’un site anglophone annonçant en fanfare que “Ikea veut encourager tout le monde à construire une maison à abeilles“.
Analysons cette news et passons ensemble aux travaux pratiques.
Je n’ai aucun doute sur la faculté du suédois à construire des meubles, mais lorsque l’on parle biodiversité et potager ce n’est pas nécessairement au paradis de la boulette auquel je pense. À première vue c’est donc une opération qui sent le “greenwashing” à plein nez.
Si l’on y regarde de plus prêt sur le site du projet, c’est en fait un studio de recherche en design appelé Space10 qui est à l’initiative de l’opération. Cette organisation se définie comme
“a research and design lab on a mission to enable a better everyday life for people and planet”
En français dans le texte
” un laboratoire de recherche et de conception dont la mission est de permettre une meilleure vie quotidienne pour les personnes et la planète”
Ce studio n’est pas sans lien avec Ikea puisqu’il financé par eux. Toujours est-il qu’il n’y à aucun logo jaune et bleu ou lien vers le fameux catalogue sur le site du projet! Bref pas de pub cachée.
Vous l’aurez compris le titre de la news qui avait attiré mon regard n’était qu’un raccourci grossier (mais qui fonctionne, la preuve j’en parle).
Revenons donc au projet à proprement parlé. Le but est de générer un modèle de maison pour les abeilles solitaires, et bien entendu de la construire.
Je vous laisse juger mais lorsque l’on voit le résultat on ne peut pas nier que les scandinaves savent y faire quand on parle de design. En plus d’être mis à dispositions gratuitement, les plans sont libres de droits.
Le plan
Je me laisse donc tenter et décide de relever le challenge en déconstruisant ma propre maisonnette à insecte.
Après avoir choisi le type de support et le nombre d’étage et l’aspect général de mon abri, je peux télécharger les plans détaillés et la notice de montage (le voilà le lien avec Ikea :)).
Les plans sont ultra détaillés. Mais là où l’histoire se complique, c’est qu’ils ont pour but d’être usinés en utilisant une machine de type “CNC”. Le genre de chose que monsieur tout le monde n’a pas dans son garage (et que je ne possède pas).
Qu’à cela ne tienne ! j’ai choisi un design suffisamment simple pour pouvoir le réaliser avec des outils à ma disposition. C’est parti, au pire j’adapterais un peu!
Le Bois
La notice le précise bien, il faut utiliser du bois brut et sec (chêne, pin, hêtre…). Mais surtout pas de mélaminé, mdf ou contreplaqué qui contiennent de la colle dont les émanations pourraient tuer les abeilles (et ce n’est quand même pas le but de la manœuvre).
Dans mes chutes de bois j’ai justement des morceaux d’un vieux buffet en chêne qui devraient parfaitement faire l’affaire
Sur le plan il est préconisé d’utiliser des planches de 3cm d’épaisseur. Les miennes font un peu plus de 2, pas grave une fois de plus on s’adapte.
Je commence donc par découper des rectangles. Si vous avez une scie à onglet c’est rapide, avec une scie à main et de la patience le résultat sera le même.
Je débite 5 rectangles de 12cm x 16cm et 1 rectangle de 14cm x 16cm (celui-ci servira de socle).
Le traçage
Vient la partie la plus importante du projet: le traçage des différents éléments.
Il est nécessaire d’être précis pour ensuite obtenir un résultat net et harmonieux à la découpe et à l’assemblage.
Pour cela j’utilise un porte mine bien taillé, une équerre et un réglet.
Prenez votre temps et n’hésitez pas à tailler régulièrement votre crayon. Pour encore plus de précision au moment de découper, reportez les traits sur toutes les faces.
La découpe
Il n’y a pas de mystère pour une coupe bien droite et nette il faut une scie suffisamment rigide tout en restant fine et surtout bien aiguisée.
Pour cela rien de tel qu’une petite scie à main japonaise.
Concentrez-vous, respirez bien ça devrait couper tout seul (et n’appuyez pas comme une brute sur votre scie)
Une fois toutes les pièces découpées, vous pouvez faire un assemblage à blanc pour trouver la combinaison qui vous semble la plus réussie.
Ne faites pas attention aux différents trous que vous voyez sur mes morceaux de bois. Ce sont les emplacements des anciennes poignées de tiroir (je vous rappels que c’est du bois de récupération). Ils ne se verront plus lorsque la tour sera assemblée.
Une fois la configuration validée n’oubliez pas de numéroter les différentes pièces pour vous en rappeler.
Les “trous”
Pour l’instant cette maison n’est pas vraiment exploitable par des abeilles.
Il va falloir y percer des trous. Plutôt que des trous, nous allons faire des rainures sur les différentes planches.
Si vous avez une défonceuse ou une petite affleureuse, elle va vous être bien utile pour cette étape. Si vous n’en avez pas une scie et des ciseaux à bois peuvent également faire l’affaire (mais c’est plus long)
Le projet #BeeHome préconise des trous de 5mm, je monte donc une fraise de 5mm et règle la profondeur sur 5mm.
J’improvise un guide parallèle et c’est parti pour une séance de rainures sur chacun des “étages”.
N’usinez pas jusqu’au bout (je me suis à chaque fois arrêté à 2 cm du “fond”) pour que le trou ne soit ouvert que d’un côté
L’assemblage
Avant d’assembler, poncez soigneusement tous les éléments pour qu’il n’y ai pas d’échardes ou d’angles “tranchant”. Je vous rappelle que le but est d’accueillir les abeilles, pas de les éborgner!
Je ne vais pas vous mentir la technique “officielle” pour l’assemblage est loin d’être évidente. Elle consiste à usiner un trou dans chaque étage et de les empiler (l’explication n’est pas très visuelle mais si vous consultez le plan vous comprendrez). Cette approche a l’avantage de n’utiliser aucun clou ou vis mais nécessite d’être ultra précis dans la découpe des trous (ils doivent être parfaitement alignés). De plus la découpe de ces carrés n’est pas des plus facile.
Je vous propose de tricher un peu et de visser les planches deux à deux. L’assemblage restera invisible (Utilisez des vis inox pour éviter la rouille). Pour bien “noyer” les vis percez un pré-trou et chanfreinez.
Vous pouvez imaginer d’autre méthode, par exemple avec des chevilles, une longue vis ou un long écrou / boulon. Mais surtout n’utilisez pas de colle!
Pour le dernier étage (et un assemblage invisible) j’ai plutôt opté pour des simples chevilles.
Finitions
Pas de peinture ou de vernis! Pour protéger le bois utilisez plutôt une huile naturelle. Si vos planches sont suffisamment dures vous pouvez aussi les laisser brutes.
Vous pouvez maintenant l’installer dans votre jardin ou potager. L’emplacement idéal sera proche d’une source de pollen (des fleurs quoi).
Conclusion
Si vous prenez votre temps, ce projet n’est pas très compliqué à réaliser et je trouve le résultat plutôt joli.
Mon avis sur l’utilité réelle des hôtels à insectes est mitigé (à vrai dire je n’ai pas d’avis). Je ne sais toujours pas s’ils sont efficaces ou pas du tout. Je pense surtout que l’on peut largement s’en passer si l’on aménage des abris naturels comme une haie, des petits tas de bois ou de pierres…
Toujours est-il que son coté décoratif est indéniable, il sera du plus bel effet autour de votre potager!
C’est vrai que cela ne parait pas très simple, surtout quand on ne s’y connait pas trop dans le travail du bois. Personellement, sur mon balcon, je n’ai pas encore essayé les hôtels à insectes non plus mais j’ai vu pas mal d’exemples avec des matériaux de récupération (comme des tiges de bambou par exemple…).
Amicalement
Valérie
Merci pour ce tutoriel très détaillé.
Je vais essayé ce week-end de découper les planches avec ma tronçonneuse et de construire le tout avec mes outils de jardin.
J’avais plusieurs articles qui indiqué que cela pouvait augmenter la pollinisation des fleurs et des plantes.
A tester !