Publié le 11 juillet 2023 par .

Comment résister au charme de ces milliers de papillons colorés qui volettent de fleurs et fleurs, toutes ailes déployées ?

Maillons essentiels de la biodiversité au jardin, en tant que pollinisateurs, ces papillons, aux différents stades de leur vie, peuvent avoir des besoins différents suivant leur espèce. D’où l’importance de savoir les identifier pour mieux les attirer et les garder au jardin.

Pourquoi est-il important de reconnaître les différentes espèces de papillons ?

Comme de nombreux autres insectes, les lépidoptères sont en déclin dans notre environnement.

Et les responsables de ces disparitions, difficilement chiffrables, sont toujours les mêmes : urbanisation et artificialisation des milieux, emploi des pesticides et insecticides, fragmentation des habitats à cause de l’agriculture intensive, réchauffement climatique…

Le Flambé (Iphiclides podalirius)
Le Flambé (Iphiclides podalirius) © flickr xulescu_g

Identifier les espèces de papillons pour préserver la biodiversité

C’est un fait avéré : les papillons sont moins nombreux à voleter dans nos campagnes. Pour autant, certaines espèces sont plus menacées que d’autres et voient leur population décliner plus rapidement.

Alors que d’autres espèces restent stables, ou augmentent. Comment expliquer ces différences ? Pourquoi une espèce serait plus menacée qu’une autre ?

Tout simplement parce qu’un papillon, à la différence de nombreux autres insectes, est souvent très dépendant d’une plante hôte.

Papillon sort de sa chrysalide
© Papillon sort de sa chrysalide.
En effet, un papillon passe par plusieurs stades au cours de sa vie. Cette métamorphose commence dans l’œuf, ou plutôt les œufs pondus par la femelle après l’accouplement. Elle ne les pond pas n’importe où, mais sur le feuillage d’une ou plusieurs plantes hôtes.

Ainsi, à leur naissance, les larves ou chenilles (qui passent leur temps à manger) auront à leur disposition la nourriture qui leur convient. Plus prosaïquement, ces plantes hôtes peuvent leur servir de camouflage pour se protéger des prédateurs car elles ont adopté leurs couleurs.

Une fois que la chenille a atteint son poids final, après plusieurs mues, elle se nymphose. Elle devient chrysalide, en plusieurs jours ou plusieurs mois.

Chrysalide du papillon
Chrysalide du papillon © flickr Richard Toller

Ensuite, arrive le papillon adulte qui va s’accoupler. Et donner naissance à une nouvelle génération. Certaines espèces de papillons en ont plusieurs par an, d’autres une seule.

En fin d’automne et en hiver, le papillon entre en léthargie, soit au stade d’œuf, de chenille, de chrysalide ou de papillon.

Donc, pour voir telle ou telle espèce de papillon dans son jardin, et donc préserver la biodiversité, encore faut-il qu’on y trouve la plante hôte dont il raffole.

Connaître les différentes espèces de votre jardin

Pour attirer (et garder) différentes espèces de papillons dans son jardin, il est donc essentiel de semer et de cultiver leur plante hôte.

Ainsi, le machaon, un papillon très commun dans nos jardins, affectionne les plantes de la famille des Ombellifères, et en particulier le fenouil commun.

Si votre jardin en est dépourvu, il y a moins de chance que vous aperceviez un machaon. Et au-delà de la simple observation, les papillons sont primordiaux pour la pollinisation des végétaux, vivaces fleuries ou légumes du potager.

Le Machaon (Papilio machaon)
Le Machaon (Papilio machaon) © flickr Giancarlo Foto4U

Pour autant, certains autres papillons, ou plutôt leurs chenilles, peuvent être vite indésirables au jardin, et surtout au potager. Tout simplement car ils risquent de dévorer les plantes potagères qui sont leurs plantes hôtes.

Parmi ces papillons, on peut citer les piérides du chou, du navet ou de la rave, qui s’attaquent respectivement aux brassicacées et aux crucifères.

Il est donc recommandé de favoriser les prédateurs (oiseaux du jardin, musaraignes et lézards, certains insectes et araignées…) en plantant une végétation variée, mellifère et nectarifère, en installant des hôtels à insectes ou abris spécifiques, des mangeoires et des nichoirs, des tas de feuilles mortes, de branchages ou de pierres, d’installer des haies…

Ainsi, l’écosystème du jardin sera équilibré, la biodiversité sera rétablie et les populations de prédateurs réguleront les populations de chenilles.

Les caractéristiques à observer pour l’identification des papillons

Face aux milliers d’espèces de papillons potentiellement observables dans nos jardins, difficile de s’y retrouver.

D’autant que tous les papillons sont constitués d’une tête avec antennes et trompe, d’un thorax et d’un abdomen, de trois paires de pattes et de quatre ailes.


La forme et la couleur des ailes

La couleur des ailes du papillon est la première entrée pour identifier en papillon. Parfois, le recto diffère du verso, tout comme les couleurs de la femelle et du mâle ! Toujours est-il que c’est un indicateur précieux.

Le cuivré commun (Lycaena phlaeas)
Le cuivré commun (Lycaena phlaeas) © flickr pete beard

On distingue déjà les couleurs principales : blanc ou crème, noir ou brun foncé, fauve ou orangé, jaune, et bleu. Puis la présence de tâches, de bordures, d’ocelles, de marbrures… colorés peut faire la différence.

Les ailes peuvent également avoir plusieurs formes, en écaille, en sphinx ou en bombyx.

Le comportement et la période d’activité

Suivant leur cycle de vie, les papillons ne sont pas tout à fait actifs à la même période. Même si le printemps et la fin de l’été restent les périodes phares.

Pourtant, certains papillons comme le flambé sont plus surtout visibles en avril et mai, d’autres comme le souci plutôt en automne car il migre vers le sud.

Accouplement de Lycaena phlaeas
Accouplement de Lycaena phlaeas © flickr Sylvia Sassen

D’autres comme le Citron ont un sommeil léger donc ils peuvent voler en hiver s’il y a un brin de soleil.

D’autres comme le Gazé vivent souvent en groupe et se posent au sol. Le cuivré commun aime se chauffer au soleil. Le vulcain cherche très tôt, dès les premiers signes de froid, un abri pour se passer l’hiver sous sa forme adulte.

Le papillon Belle-Dame migre en Afrique et arrive en nuées en avril et juin.

Guide d’identification des espèces communes de papillons

Sur notre territoire, certains papillons sont très communs :

  • Le Machaon (Papilio machaon) : ailes blanc-jaune avec veines noires marquées et petites ocelles orangés. Il apprécie les ombellifères (fenouil, carotte) et ils adorent les fleurs violettes, pourpres et roses
  • Le Flambé (Iphiclides podalirius) : ailes jaune pâle zébrées de noir et longue queue noire. Visibles en avril, mai et septembre, surtout sur les fleurs de lavande
  • Le Citron (Gonepteryx rhamni) : les ailes du mâle sont jaune citron tirant sur le vert, celles de la femelle blanc verdâtre. Il apprécie en hiver le lierre où il se cache pour dormir
  • Le cuivré commun (Lycaena phlaeas)  : papillon aux ailes brunes avec une bande orange actif sur une longue période dans l’année. Il aime l’oseille et le rumex comme plantes hôtes
  • Le paon-du-jour (Alais io) : papillon aux ailes dentelées et très colorées de rouge, de bleu et de jaune. Ses ailes semblent imprimées de deux yeux qui détournent les prédateurs. C’est un papillon très résistant au froid qui hiberne facilement dans un tas de bois ou un grenier. Sa plante hôte de prédilection est l’ortie mais il apprécie aussi le houblon
  • Le Vulcain (Vanessa atalante) : très gros papillon dont la dernière génération passe l’hiver au chaud dans une grange ou un buisson de lierre. Ses ailes sont noirs, coupées d’une bande orangée et marquées de points blancs. Il aime les orties
  • Petite-Tortue (Aglais urticae) et Grande tortue (Nymphalis polychloros) : deux papillons aux ailes orangées et tachetées de noir. L’ortie est la plante hôte de la Petite-Tortue, le saule marsault, le peuplier, le pommier et le poirier celles de la Grande-Tortue
  • Belle-Dame (Vanessa cardui) : papilonn aux ailes dans les tonalités de saumon à fauve, tachées de noir. On le rencontre souvent sur les chardons et les orties. Il vit et se reproduit en Afrique et revient en France entre avril et juin. Il peut parcourir jusqu’à 150 km par jour
  • Robert le diable (Poligonia c-album) : grand papillon aux ailes orangées et très découpées. Il aime les orties, les ormes, le houblon et les saules
  • Demi-deuil (Malanargia galathea) : papillon aux ailes constellées de mosaïque noires et blanches. Il affectionne les Poacées comme le pâturin des prés, actif les jours ensoleillés, au repos dès qu’il fait gris
  • Myrtil (Maniola jurtina) : papillon aux ailes brun sombre avec des ocelles noirs. C’est un papillon de prairie qui aime les Poacées
  • L’Amaryllis (Pyronia tithonus) : papillon aux ailes fauve orangé avec un ocelle noir. Il apprécie les fétuques, le chiendent et le pâturin. C’est un papillon de haies et de friches
  • Le Moro-Spynx (Macroglossum stellatarum) : papillon souvent appelé Spynx colibri de par son vol stationnaire caractéristique. C’est un papillon migrateur qui se rencontre souvent autour des buddleias

Sans oublier la piéride à découvrir dans notre article : Comprendre et combattre la piéride du chou : le guide du jardinier.

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